GROUPE D'ÉTUDE DE LA CÉRAMIQUE ANTIQUE EN GAULE
RÉUNION DE DIJON - FÉVRIER 1967

Le colloque annuel dijonnais s'est tenu une nouvelle fois en février 1967, sous la présidence de son fondateur et animateur, le Professeur J.-J. Hall, de Strasbourg, avec la participation de MM. Roland Martin, Lucien Lerat, Joël Le Gall et de nombreux archéologues-céramologues de l'est de la France, auxquels s'étaient joints des représentants du centre de la France.

Les thèmes de ce colloque concernaient

Parmi les études présentées, voici celles qui concernent les régions du Centre :

FOUILLES DES ATELIERS DE LEZOUX 1963-1966
     par Hugues VERTET

La reprise des fouilles de Lezoux, décidée par le Ministère des Affaires Culturelles, a donné lieu ces dernières années à des découvertes remarquables:

Chaque année une campagne de fouilles a eu lieu pendant les vacances de Pâques et parfois pendant l'été ; Les recherches portent uniquement sur les sites les plus menacés (lotissements, fondations...). Un grand terrain a été acheté par le Ministère, où sera établie une école de fouilles, quand les fouilles d'urgence le permettront.

RAPPORT ENTRE LES ATELIERS RUTHENES ET ARVERNES
D'APRÈS LES FOUILLES 'DE LEZOUX 
    
par Hugues VERTET 

Les fouilles de Lezoux ont apporté des renseignements très nouveaux sur le problème des influences reçues par la grande fabrique arverne au Ier siècle. Celles d'Italie sont certaines maintenant. La grande découverte est la venue d'ouvriers lyonnais, dont j'ai parlé ailleurs. Ces deux dernières années nous ont permis d'établir que les rapports avec les fabriques ruthènes, que l'on pensait réduits à quelques décades, s'étalent sur tout le premier siècle. Plusieurs périodes florissantes, suivies de récession, ont dû se succéder de Tibère aux Flaviens.

Trois sites, probablement de Tibère, Néron, Domitien ont apporté un matériel important, moules et vases ; Lezoux apparaît de plus en plus comme une plaque tournante, où sont venus des artisans d'un peu partout, et d'où ils sont repartis, après un séjour plus ou moins long, vers d'autres ateliers. Nous avons trouvé notamment la preuve que certains potiers ruthènes sont passés par Lezoux avant d'aller travailler dans l'est de la Gaule, au premier siècle.

 

 

LES FRISES SUPERIEURES DES GOBELETS LYONNAIS DU TYPE A.C.O.
    
par J. LASFARGUES et H. VERTET

Le printemps 1966 a révélé de très féconds ateliers lyonnais sur le quai de la Muette, le long de la Saône ; associés à des ateliers de verriers et de bronziers. Nous avons pu sauver des lots de céramique qui comprennent notamment des ,sigillées lisses estampillées de noms arétins, quelques tessons moulés, et surtout une grande quantité de gobelets signés ACO (grâce aux interventions de MM. A. Audin, directeur des fouilles de Lyon, et de M. Leglay, directeur de la Circonscription archéologique).

Les frises des gobelets sont à l'étude. Elles sont presque toutes composées d'éléments végétaux, plus ou moins stylisés :

Les mêmes éléments, doublés ou encadrés par des éléments plus fins (points, boutons, fleurs, fruits) donnent des frises plus riches ; une frise d'éléments simples peut aussi être doublée par une frise de rosettes.

Une seule frise est formée de gros insectes (cigales stylisées 1) posées en diagonale. Sous les frises deux marques, dont nous connais- sons la rédaction complète, donnent les noms de CHRYSIPPVS et HILARVS ACO ou P. HILARVS ACO. Un autre nom est incomplet.

Les décors figurés très fins employés par CHRYSIPPVS pourraient avoir été tirés d'intailles. Un rapprochement avec certaines productions de Lezoux précoces atteste des rapports certains entre les deux fabriques.

 

REMARQUES SUR LE POTIER SERVVS II
par R. SAUVAGET et H. VERTET 

Servus II est un potier de Lezoux de l'époque antonine. Déchelette ne le distingue pas de ses homonymes, Stanfield et Simpson, faute de documents n'en donnent qu'un aperçu très incomplet. Les fouilles de Lezoux (1956-7 et 1963-5) font connaître un peu mieux ce potier au style très personnel ; il apparaît comme un membre important du groupe IVLLINVS, auquel se rattacherait, par lui, le CASVRIVS des premières années. On peut lui attribuer maintenant avec certitude 3 oves, dont 2 encore inédites. Une étude en cours sur les découvertes de Lezoux sera publiée sous peu.

REMARQUES SUR LE POTIER CINNAMVS D'APRÈS LES FOUILLES DES ATELIERS DU CENTRE DE LA GAULE
par A.-M. VIALATTE et H. VERTET

Une thèse du IIIe cycle envisage de faire le point de nos connaissances sur ce potier si important, de poser les problèmes nombreux qu'il soulève (d'en résoudre peut-être quelques-uns), de voir s'il ne pourrait nous éclairer sur l'organisation du travail des potiers au moment de la grande expansion des fabriques arvernes.
Les découvertes dans les ateliers de Lezoux et de Vichy permettent de constater une grande diversité dans son style, et des différences de qualité notables.
A Lezoux, nous connaissons deux ateliers distincts l'un à l'emplacement de l'hôpital, l'autre route de Maringues, chacun spécialisé dans un certain type de décor.
A Vichy, les fouilles du Docteur Vauthey révèlent, mêlés à des vases d'un style très semblable aux deux premiers, d'autres vases très différents, portant l'estampille CINNAMI OF, très rare à Lezoux.
Il nous serait très utile qu'une enquête sur les vases de CINNAMVS nous signale le plus grand nombre possible de documents.

Compte rendu rédigé par Hugues VERTET (Chargé de recherches au C.N.R.S.).